La légende de la Sphinge

En des temps immémoriaux un citoyen nommé Autodipe fut chassé de sa cité pour avoir voulu usurper le trône du souverain.
Je serai roi de contrées plus vastes et florissantes se persuadait-il, et mon pouvoir sera illimité sur tous, je suis prêt à tout pour cela. Déjà au bout de la grand route qu'il avait emprunté brillait de mille feux la métropole convoitée. C'est alors qu'à la croisée des chemins il fut interpellé par la Sphinge :

- Si tu choisis cette voie, plutôt que l'un de ces multiples chemins, toujours dans l'abîme tu tomberas.
Indifférent aux sentences péremptoires, leur préférant ses propres a priori, Autodipe haussa les épaules.
- Tu ne seras jamais le roi, mais roi cependant, si tu suis le chemin intérieur, poursuivit l'énigmatique créature.
N'ayant pas de temps à perdre en palabres, il hâta le pas fasciné par le spectacle qui miroitait devant ses yeux. Alors qu'il s'approchait ébloui, de la cité des lumières, il fut aveuglé, et ne pouvant échapper au vide qui s'ouvrait devant lui, se retrouva au fond du précipice.
Blessé et mortifié, il réussit au prix d'efforts surhumains à se hisser sur le versant de ses désirs, et poursuivit sa route. Il croisait désormais des citadins, pourtant lorsqu'il les interrogeait aucun ne lui répondait, il les entendait parler mais ne comprenait pas leur langage.
Ayant soif de revanche, il s'obstinait dans cette direction, sept fois encore le sol s'ouvrit sous ses pieds. Et la Sphinge du haut de l'abîme de désolation et de solitude où il s'effondrait, le toisait :
- Le vrai pouvoir est celui que l'on a sur soi. Tout ne sera que mirage tant que tu n'auras pas trouvé la voie intrinsèque.

Alors au fond du trou, épuisé et désespéré, il tenta d'échapper au monstre qui le harcelait, et à mains nues creusa dans la paroi une niche dans laquelle il se mura.
Et la Sphinge était à l'intéreur qui le regardait.
Sentant sa fin proche, Autodipe décida de l'affronter enfin ; c'est ainsi qu'il vit que son regard lui indiquait une lueur qui parvenait de la paroi. En passant la main dans cette ouverture il dégagea un passage ascendant d'où parvenait une brise légère.
Autodipe hésita encore : cette direction est opposée à celle que je me suis fixée. Il me semble pourtant que je faisais fausse route ; je n'ai pas trouvé ce que je cherchais, cette voie est peut-être ma chance, pensa-t-il.
En détruisant sa prison, il ouvrait un chemin, et cette idée lui plu. Il interrogea du regard la Sphinge.
- De nouvelles épreuves t'attendent sans doute en ces terres inconnues, se contenta-t-elle de répondre.
- Certes, mais c'est la liberté ce bien précieux duquel je m'étais détourné, et je sais désormais que je veux l'approcher quoiqu'il m'en coûte.
- Sur la voie de ton autonomie je t'accompagnerai et te protégerai des démons, si tel est ton choix.

Dehors un paysage serein l'attendait, mais nulle route n'était tracée. Par un détour il aurait pu rejoindre la cité des apparats, mais son regard se porta vers une peuplade simple d'apparence, ni or, ni manifestation de pouvoir grandiloquent, ici.
En s'avançant déjà il était accueilli, ces gens parlaient une langue universelle. S'approchant davantage, il vit que tous portaient couronne. C'est alors qu'il reconnut sa reine, elle savait ses errances, il comprenait ses désirs. Autodipe sentit des forces nouvelles l'envahir.

Et l'oeil de la Sphinge se mit à briller, soulagée qu'elle était d'être libérée de ses propres oracles. Après tout, c'est ma liberté que de reconstruire ma propre légende, pensa-t-elle !

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